Édition du jeudi 15 décembre 2016
L'hébergement d'urgence au bord de l'asphyxie, selon un rapport sénatorial
Des familles qui se retrouvent à la rue sans solutions, un recours coûteux aux nuits hôtelières, des budgets insuffisants malgré une demande croissante : l'hébergement d'urgence est au bord de l'asphyxie, constate un rapport sénatorial fait au nom de la commission des finances et présenté hier.
La commission des finances regrettait chaque année que les budgets alloués notamment à l'hébergement d'urgence et à la veille sociale soient « inférieurs » à ceux demandés, alors que les besoins ne cessent d'augmenter depuis 2011 sous l'effet de la crise économique et du nombre toujours plus important de demandeurs d'asile, a expliqué le rapporteur spécial, le sénateur LR de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. « Les ministres me disaient que ça ne posait pas de problème, ce dont je doutais. On a voulu voir sur le terrain ce qu'il en était », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Sénat.
« D'indéniables efforts ont été réalisés », avec 30 000 places créées entre 2012 et 2015, portant à 112 552 le nombre de places total en 2015. Mais Philippe Dallier regrette que le recours aux nuitées d'hôtels constitue une grande part de cette hausse, puisqu'elles ont doublé depuis 2012, pour atteindre 41 000 places en juin 2016. Or c'est une solution coûteuse : en moyenne 17 euros par nuit par personne en Ile-de-France (23 à Paris) et jusqu'à 40, voire 70 euros pour certaines places obtenues en extrême urgence.
Le plan de résorption des nuitées hôtelières, lancé en février 2015, est un « échec absolu », a fustigé Philippe Dallier. « En Ile-de-France, 15 % du parc hôtelier sert à l'hébergement d'urgence, soit la quasi-totalité du parc hôtelier bas de gamme », a-t-il souligné. Des intermédiaires sont par ailleurs payés pour réserver des places d'hébergement d'urgence, une rémunération qui « n'est pas appropriée et peut même s'avérer choquante s'agissant d'une dépense publique », pointe le rapport.
Selon les chiffres du Samu social, « en 2015, 70 % des appels au 115 (numéro d'urgence) n'ont pas abouti et sur les 30 % des appels traités, un quart est resté sans solution », cite le sénateur de Seine-Saint-Denis. La pression migratoire a « accentué » la gestion de l'hébergement « dans l'urgence », indique le rapport : « Pour la seule région Ile-de-France, la dépense engendrée par la gestion des migrants représenterait ainsi 86 millions d'euros sur un budget qui devrait atteindre 746,5 millions d'euros à la fin de l'année ». Se retrouvent dans les centres d'hébergement d'urgence des demandeurs d'asile, mais aussi des déboutés du droit d'asile et des personnes en situation irrégulière. Ces dernières pourraient « représenter de 20 % à 50 % des personnes hébergées », selon le sénateur. Pour éviter que les demandeurs d'asile se retrouvent dans des centres d'hébergement de droit commun et faire en sorte qu'ils disposent d'un accompagnement « plus adapté », il demande de mettre fin à la « sous-budgétisation chronique » du programme consacré à l'immigration et l'asile.
Si les dispositifs d'hébergement saturent, c'est aussi parce que le taux de rotation est trop faible : la durée moyenne de séjour approcherait les 14 mois pour une place en centre d'hébergement, un an pour un hébergement dans un appartement géré par une structure.
Le rapporteur recommande de développer des solutions de sortie pour les personnes hébergées : par le logement social, mais aussi le parc privé, via l'intermédiation locative. Cette dernière permet aux ménages sans domicile de louer à moindre coût des logements vides du parc privé via une association qui garantit aux propriétaires le loyer et la remise en état de l'appartement. Il conseille aussi de soutenir les opérations de rachats d'hôtels, qui permettent de faire baisser les coûts d'hébergement, tout en proposant un meilleur accueil.
Selon Philippe Dallier, la solution à l'embolie du système d'hébergement ne passe pas nécessairement par la création de places mais plutôt par une plus grande rationalisation des coûts. (AFP)
La commission des finances regrettait chaque année que les budgets alloués notamment à l'hébergement d'urgence et à la veille sociale soient « inférieurs » à ceux demandés, alors que les besoins ne cessent d'augmenter depuis 2011 sous l'effet de la crise économique et du nombre toujours plus important de demandeurs d'asile, a expliqué le rapporteur spécial, le sénateur LR de Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier. « Les ministres me disaient que ça ne posait pas de problème, ce dont je doutais. On a voulu voir sur le terrain ce qu'il en était », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au Sénat.
« D'indéniables efforts ont été réalisés », avec 30 000 places créées entre 2012 et 2015, portant à 112 552 le nombre de places total en 2015. Mais Philippe Dallier regrette que le recours aux nuitées d'hôtels constitue une grande part de cette hausse, puisqu'elles ont doublé depuis 2012, pour atteindre 41 000 places en juin 2016. Or c'est une solution coûteuse : en moyenne 17 euros par nuit par personne en Ile-de-France (23 à Paris) et jusqu'à 40, voire 70 euros pour certaines places obtenues en extrême urgence.
Le plan de résorption des nuitées hôtelières, lancé en février 2015, est un « échec absolu », a fustigé Philippe Dallier. « En Ile-de-France, 15 % du parc hôtelier sert à l'hébergement d'urgence, soit la quasi-totalité du parc hôtelier bas de gamme », a-t-il souligné. Des intermédiaires sont par ailleurs payés pour réserver des places d'hébergement d'urgence, une rémunération qui « n'est pas appropriée et peut même s'avérer choquante s'agissant d'une dépense publique », pointe le rapport.
Selon les chiffres du Samu social, « en 2015, 70 % des appels au 115 (numéro d'urgence) n'ont pas abouti et sur les 30 % des appels traités, un quart est resté sans solution », cite le sénateur de Seine-Saint-Denis. La pression migratoire a « accentué » la gestion de l'hébergement « dans l'urgence », indique le rapport : « Pour la seule région Ile-de-France, la dépense engendrée par la gestion des migrants représenterait ainsi 86 millions d'euros sur un budget qui devrait atteindre 746,5 millions d'euros à la fin de l'année ». Se retrouvent dans les centres d'hébergement d'urgence des demandeurs d'asile, mais aussi des déboutés du droit d'asile et des personnes en situation irrégulière. Ces dernières pourraient « représenter de 20 % à 50 % des personnes hébergées », selon le sénateur. Pour éviter que les demandeurs d'asile se retrouvent dans des centres d'hébergement de droit commun et faire en sorte qu'ils disposent d'un accompagnement « plus adapté », il demande de mettre fin à la « sous-budgétisation chronique » du programme consacré à l'immigration et l'asile.
Si les dispositifs d'hébergement saturent, c'est aussi parce que le taux de rotation est trop faible : la durée moyenne de séjour approcherait les 14 mois pour une place en centre d'hébergement, un an pour un hébergement dans un appartement géré par une structure.
Le rapporteur recommande de développer des solutions de sortie pour les personnes hébergées : par le logement social, mais aussi le parc privé, via l'intermédiation locative. Cette dernière permet aux ménages sans domicile de louer à moindre coût des logements vides du parc privé via une association qui garantit aux propriétaires le loyer et la remise en état de l'appartement. Il conseille aussi de soutenir les opérations de rachats d'hôtels, qui permettent de faire baisser les coûts d'hébergement, tout en proposant un meilleur accueil.
Selon Philippe Dallier, la solution à l'embolie du système d'hébergement ne passe pas nécessairement par la création de places mais plutôt par une plus grande rationalisation des coûts. (AFP)
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